juin 04 2010 | Liste des priorités principales en matière d'énergie et d'agriculture du Comité des Ressources pour un 21e siècle durable
L'utilisation des combustibles fossiles et le secteur de l'alimentation mondiale sont les deux secteurs causant le plus de dégâts environnemental
Les incitations fiscales, dont les taxes et l'augmentation des investissements dans l'innovation, doivent permettre de séparer la croissance économique de la dégradation environnementale.
La manière dont l'humanité se nourri et s'alimente en pétrole définira en grande partie ce que sera le développement au 21e siècle, il sera soit plus durable, soit une impasse pour des milliards de personnes.
Un nouveau rapport percutant conclut qu'une réforme, une réorganisation et une redéfinition radicale de seulement deux secteurs - l'énergie et l'agriculture - pourrait générer des retours positifs significatifs au niveau environnemental, social et économique.
Les modes actuels de production et de consommation de combustibles fossiles et de nourriture provoquent l'épuisement des réserves d'eau douce; déclenchent la dégradation et la disparition progressive des écosystèmes économiquement vitaux comme les forêts par exemple; l'intensification de la propagation des maladies et du taux de mortalité; et enfin l'élévation des niveaux de pollution à des degrés insoutenables.
Le rapport, préparé par le Groupe international pour une gestion durable des ressources, prétend que le découplage des impacts environnementaux de ces deux importants secteurs de la croissance économique, commence au niveau des ménages.
L'accomplissement des objectifs de développement durable peut se faire par des améliorations et des changements radicaux dans les habitudes de consommation des ménages en ce qui concerne l'alimentation, l'énergie, l'utilisation des systèmes de chauffage, de la climatisation, de gadgets électroniques et les voyages
Une autre idée, plus controversée, du rapport suggère un changement important dans l'alimentation à base de protéines animale vers un régime d'aliments à base de légumes ce qui réduirait considérablement les pressions sur l'environnement.
Achim Steiner, Secrétaire Général Adjoint de l'ONU et Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), qui accueille le Groupe d'experts, a déclaré: «Dissocier la croissance économique de la dégradation de l'environnement est le défi numéro un auquel font face les gouvernements, dans un monde où la population, les revenus et la consommation augmente sans cesse, sans parler du problème persistant de lutte contre la pauvreté. Il serait donc plus prudent et raisonnable de fixer des priorités en vue de l'adoption accélérée d'une économie verte, à faible intensité de carbone"
"Le Comité a passé en revue toutes les données scientifiques actuellement disponibles et a conclu que les deux grands domaines qui ont un impact disproportionné sur la vie des individus et sur les écosystèmes de la planète, sont l'énergie sous forme de combustibles fossiles et l'agriculture, en particulier l'élevage de bétail pour la viande et pour les produits laitiers», ajoute-t-il.
«Des mécanismes de marché intelligents, des politiques budgétaires adéquates et l'élaboration des politiques créatives font partie des options d'internalisation des coûts des modes de vie non durables. Quelques choix difficiles sont proposés dans ce rapport, mais la situation sera encore plus difficile pour tout le monde si les tendances actuelles se poursuivent dans les décennies à venir ", a conclu Mr. Steiner.
Ernst von Weizsäcker, co-président du Groupe d'experts, prétend que ce rapport contesté l'idée largement répandue que la prospérité croissante conduit automatiquement à l'amélioration de l'environnement.
"Dans le cas du CO2, un doublement de la richesse conduirait à une augmentation de 60 à 80 pour cent de la pression exercée sur l'environnement dans les économies émergentes et il s'agit là des estimations les plus optimistes. Dans le cas de denrées alimentaires, une augmentation de la richesse engendrant un passage à des régimes alimentaire basés sur la viande et les produits laitiers d'élevage, consommerait beaucoup trop de cultures et donc beaucoup d'eau douce, sans oublier la pollution due aux engrais et aux pesticides liés à la production des cultures », a-t-il ajouté.
Ashok Khosla, co-président du Comité et président de l'Union mondiale pour la conservation (UICN), a déclaré: "l'efficacité des nouvelles voitures ou des systèmes de chauffage domestique, par exemple, ont fourni quelques améliorations, mais, face à l'ampleur du défi, des mesures beaucoup plus radicale doivent être prises."
"Une partie de ces nouvelle actions radicales et décisives concerne également la façon dont le monde essaie de lutter contre le changement climatique, comme le souligne le rapport, pour la plupart des économies développées 20 à 30 pour cent de la pollution produite ne se fait pas sur leurs territoire, mais à l'étranger par le biais des importations. Compte tenu de ce fait, la structuration actuelle des accords sur les objectifs de réduction des émissions deviennent obsolètes », a-t-il ajouté.
Le rapport, intitulé « Environmental Impacts of Consumption and Production: Priority Products and Materials, est le dernier d'une série basé sur les connaissances des 27 experts de haut niveau qui constituent le Comité international pour la gestion durable des ressources.
Lancé aujourd'hui, en collaboration avec la Commission européenne à Bruxelles, à la veille de la Journée mondiale pour l'environnement des Nations Unies (5 Juin), le rapport de 149 pages propose une série de priorités scientifiques en matière d'efforts environnementaux à fournir à l'échelle mondiale - des classements de produits, de matériaux, d'activités économiques et de mode de vie en fonction de leur et impacts sur les ressources environnement.
Le Groupe, qui a compilé de nombreuses études dont le rapport «Millenium Ecosystem Assessment », cite les pressions environnementales suivantes comme des priorités pour l'action: le changement climatique, la réduction de l'habitat, le gaspillage d'azote et de phosphore, la surexploitation de la pêche, les forêts et autres ressources, les espèces envahissantes, l'eau non potable et l'assainissement, les combustibles solides pour la cuisson, l'exposition au plomb, la pollution atmosphérique urbaine et professionnelle (y compris la cuisine) et l'exposition aux particules fines.
Le Groupe a entrepris d'identifier les activités et les ressources qui contribuent de façon disproportionnée à des pressions et des impacts environnementaux, dont (i) la production et les procédés de fabrication; (ii) les produits et les catégories de consommation, et (iii) les matériaux.
Il conclut que les priorités pour la réalisation d'un changement transformationnel sont les suivantes: -
- Les produits agricoles, plus précisément les produits issus d'animaux qui se nourrissent de plus de la moitié de toutes les cultures mondiales. La production agricole représente 70% de la consommation mondiale d'eau douce et 38% de l'utilisation totale des terres. La production d'aliments comptabilise 19% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, 60% de la pollution par l'azote et le phosphore et 30% des pollutions toxiques en Europe;
- Les utilisateurs de combustibles fossiles, en particulier les infrastructures électriques et les autres industries à forte consommation énergétique comme le chauffage résidentiel et le transport. La production de combustibles fossiles et la consommation sont les causes mondiales principales de la dégradation de l'environnement. L'extraction de sources alternatives de combustibles fossiles, tels que les sables bitumineux, entraine peut-être même plus lourdes conséquences sur l'environnement. "
- Les matériaux, plus particulièrement les plastiques, le fer, l'acier et l'aluminium, dont l'utilisation est de plus en plus répandues surtout dans les économies émergentes non saturés. Les besoins énergétiques pour ces matériaux augmentent en raison de la raréfaction des minerais à mesure qu'ils sont utilisés.
Le Comité note que certains gains d'efficacité sont possibles en termes de réduction des impacts causés par l'agriculture. Mais il ajoute que si la population double d'ici 2050 cela détruirait ces gains.
Par conséquent, dit le rapport, "une réduction substantielle des impacts ne serait possible qu'au moyen d'un changement de régime alimentaire dans le monde entier important et basé sur autre chose que les produits d'origine animale."
Les impacts environnementaux des ménages, faits et chiffres:
Le rapport met également l'accent sur le lien entre les ménages et les émissions de gaz à effet de serre, il s'agit d'un point important à traiter.
Économies en développement et émergentes, la nourriture et les logements sont les principales causes des émissions de gaz à effet de serre des ménages.
Les études nationales disponibles, principalement en provenance des pays de l'OCDE, montrent une division de l'utilisation d'énergie des ménages:
Maisons: cela comprend l'énergie utilisée pour la construction des maisons et des meubles, l'utilisation d'énergie pour l'entretien, l'éclairage, le confort, et les produits électroniques et électriques comme les ordinateurs): 35 à 52 pour cent;
Mobilité: cela comprend la fabrication de véhicules, la production de carburant, et les trqjets: de 15 à 30 pour cent;
Alimentation: 10 à 20 pour cent;
Loisirs: 5 à 10 pour cent;
Vêtements: 3 à 5 pour cent.
Les émissions mondiales dues au secteur de l'aviation sont encore faibles par rapport aux autres modes de transport, mais pourraient augmenter rapidement. Comme les émissions du secteur de l'aviation atteignent les parties supérieures et particulièrement vulnérables des différentes couches de l'atmosphère, leurs effets négatifs pourraient être disproportionnés.
Un tiers de l'empreinte carbone de la moyenne des ménages des États-Unis est dû aux émissions produites à l'étranger, par la production de biens importés sur le marché américain.
«Ce rapport permet de diffuser le message qu'il n'y a pas meilleure opportunité que le présent pour passer à une économie verte et à une gestion efficace des ressources», a déclaré Janez Potočnik, Commissaire européen pour l'environnement. «Ce sera une tâche titanesque, mais essentielle pour notre prospérité future et la qualité de nos vie à tous. En Europe, il faudra un dialogue efficace entre nos États membres, où les décisions les plus importantes doivent être prises, notamment en ce qui concerne la réforme fiscale. Nous ne réussirons jamais cette mission sans la participation du monde des affaires, dans lequel, malgré un certain nombre d'excellents exemples de leadership, il ya encore trop de gens qui n'ont pas compris l'urgence de la situation", ajoute-t-il.
Edgar Hertwich, directeur du programme « Ecologie industrielle » à l'Université norvégienne des Sciences et Technologies, affirme : «Le rapport montre qu'il ya une augmentation constante des émissions à effet de serre parallèlement à l'augmentation de la richesse, à la fois entre différents pays et au sein des pays. Les émissions associées à la mobilité et la consommation des produits fabriqués connaissent une augmentation plus rapide, mais même pour la consommation alimentaire, nous ne voyons pas de séparation. Cette séparation entre la croissance économique et la pollution ne se produit pas par elle-même, elle ne peut être que le résultat d'une action politique forte".
Angela Cropper, Directrice exécutive adjointe du PNUE, souligne: "En cette Journée mondiale de l'environnement, nous espérons que les gens partout dans le monde sont devenus plus conscients du monde qui existe derrière les produits que nous achetons et les impacts qu'ils causent, souvent à l'autre bout du monde. Notre but est d'informer les décideurs politiques, les entreprises et les consommateurs sur les impacts environnementaux que notre consommation de tous les jours entraine. Avoir une meilleure information est le point de départ pour les efforts visant à réduire les impacts sur la biodiversité, le climat et la pollution de façon intelligente et ciblée.
«Le développement durable commence par l'information sur ces efforts qui font le plus de bien et réduisent les dommages de l'humanité sur les écosystèmes. À cet égard, ce rapport est d'une grande utilité pour les décideurs politique et les entreprises. Pour les particuliers, il donne des conseils: l'action est nécessaires au-delà du recyclage à de l'installation de chauffage économes en énergie dans la maison. Il faut passer à un régime alimentaire plus durable et à l'utilisation des transports publics lorsqu'ils sont disponibles. "
Source : Communiqué PNUE
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