mars 24 2011 | Conseil de l'UE: il faut tester les centrales nucléaires dans l’Union européenne
Il est de l’intérêt de tous les Etats membres de participer à l’évaluation de la sécurité et de risque des centrales nucléaires, a déclaré Tamás Fellegi, ministre du développement national, après la réunion extraordinaire des ministres de l’énergie qui s’est tenue à Bruxelles, le 21 mars. La présidence hongroise a convoqué cette réunion pour évoquer les conséquences, sur le marché de l’énergie, des évènements au Japon et en Afrique du Nord, mais également pour coordonner les mesures que prendront l’Union et les Etats membres.
Lors de la session extraordinaire du Conseil, les ministres ont souligné qu’il fallait clairement distinguer la situation du Japon, touché par une catastrophe naturelle, de celle de la Libye, pays en proie à une guerre civile ; ces crises ont néanmoins toutes deux des répercussions importantes sur les marchés internationaux de l’énergie et une réponse adéquate est donc nécessaire. Le ministre a ajouté que l’Union européenne se devait de fournir une aide humanitaire et technique aux pays qui en ont besoin.
A la suite de la réunion, les ministres des Etats membres ont adopté des conclusions de la présidence. Ils ont précisé, dans ce document, que les conséquences des évènements en Libye et au Japon sur les marchés énergétiques mondiaux et sur l’approvisionnement énergétique de l’Union avaient jusqu’à présent pu être maintenues sous contrôle. Cependant, lors de la conférence de presse consécutive à la réunion du Conseil, Tamás Fellegi a insisté sur le fait qu’il « ne fallait pas pécher par excès de confiance et qu’il fallait suivre de près la situation de ces marchés ».
La situation à Fukushima
Les ministres ont entendu et examiné dans le détail le rapport de Günther Oettinger, commissaire européen en charge de l’énergie, sur la situation au Japon après la catastrophe naturelle. D’après le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la situation dans la centrale nucléaire de Fukushima demeure précaire. Les experts surveillent actuellement les taux de radiation dans 47 grandes villes japonaises, y compris Tokyo, où la radioactivité n’a pas dépassé, ces derniers jours, le niveau dangereux pour la santé.
L’avenir de l’énergie nucléaire en Europe
Au cours du débat sur la situation au Japon, les Etats membres ont rendu compte des mesures qu’ils ont prises ces derniers jours. Des 27 pays de l’Union européenne, 14 disposent actuellement de centrales nucléaires en fonctionnement. Or, à la suite des évènements de Fukushima, les opposants à l’énergie atomique font entendre leurs voix, alors que la majorité des Etats membres ont entamé des tests de sécurité au sein de leurs centrales. M. Fellegi a salué les mesures de renforcement de la sécurité nucléaire prises aussi bien par les autorités nationales que par les partenaires industriels.
Le commissaire européen en charge de l’énergie, Günther Oettinger, a souligné que tandis que l’Allemagne discutait actuellement de la fermeture des centrales nucléaires, la Pologne et l’Italie, deux Etat qui n’avaient pas eu recours à l’énergie nucléaire jusqu’alors, envisageaient d’en ouvrir de nouvelles. Etant donné qu’une telle décision relève de la compétence des Etats membres, « les risques doivent être réduits au minimum », assure le commissaire. Il a affirmé que chaque centrale nucléaire devait être révisée et que les critères à appliquer doivent tenir compte des intérêts des Etats membres qui ne disposent pas de centrales de ce type. « Nous avons besoin de normes communes en Europe », a souligné le commissaire.
Les centrales seront révisées dans le courant de cette année
« Rien ne doit être dissimulé aux citoyens et nous devons aussi éviter la panique », a affirmé Tamás Fellegi lors de la conférence de presse consécutive à la session extraordinaire. Les Etats membres ont approuvé les conclusions présentées par la présidence qui visent à soumettre les centrales nucléaires européennes à une évaluation globale de sécurité et de risque, appelée « stress test ». Définis au préalable par les experts du groupe de travail du Conseil chargé des questions atomiques, les critères possibles figurent également dans les conclusions de la présidence.
La proposition prévoit qu’au cours de cette évaluation, une analyse sismique soit menée dans les centrales nucléaires afin de déterminer le taux de probabilité d’un éventuel séisme ainsi que les conséquences d’un tel phénomène. Les expertises porteraient aussi sur le degré de protection des centrales contre les crues ou des événements imprévus comme par exemple une attaque terroriste. Les tests tiendront également compte du type, de l’âge et des paramètres techniques des centrales.
Tamás Fellegi a ajouté que les Etats membres étaient libres de décider s’ils souhaitaient soumettre leurs centrales à cette évaluation, dont les critères seraient finalisés après une analyse complète des événements survenus au Japon. Le ministre a ajouté que « les Etats membres s’étaient accordés sur la nécessité d’une analyse globale de sécurité et de risque ». Le ministre a néanmoins affirmé qu'il n'avait pas encore été décidé des conséquences que pourrait avoir l’éventuel échec d’une centrale nucléaire à ce test. Il a exprimé son espoir de voir les tests menés cette année encore, de manière à ce que l’évaluation des résultats puisse également débuter.
Dans ses conclusions, la présidence estime qu’il est indispensable, du point de vue de la sécurité, que les pays voisins de l’Union européenne se soumettent également à une telle évaluation.
Impact sur le marché énergétique
Le Conseil a aussi examiné dans le détail l’impact des événements japonais et libyens sur le marché énergétique. Bien que les opérations militaires en Libye n’aient endommagé que quelques conduites et réservoirs, la production pétrolière du pays a chuté à un tiers de sa production d’avant la guerre. L’exportation du pétrole a été arrêtée, affectant principalement l’Italie, la France, l’Espagne et l’Allemagne, ce qui n’a cependant pas provoqué de problème majeur car l’Arabie saoudite a augmenté sa production afin de palier cet arrêt de la production en Libye. Une situation similaire affecte également le domaine des importations de gaz. Les deux principaux clients du gaz libyen, à savoir l’Italie et l’Espagne, ont accès à d’autres sources d’approvisionnement afin de palier l'arrêt des importations de gaz.
Au Japon, la capacité des raffineries a chuté d’un tiers à la suite du séisme et du tsunami et l’accès du pays à une partie des réserves est compromis. Les experts s’accordent malgré tout à dire que le marché de l’Extrême-Orient est capable de palier ce manque. L’analyse de la Commission démontre que ces événements, certes simultanés, ne menacent pas l’équilibre global des marchés de l’énergie et que l’alimentation en énergie de l’Union européenne n’est pas menacée. De plus, même en cas de situation d’urgence, les réserves de l’Union seraient suffisantes pour une période de plus de 120 jours.
Bref, pour citer M. Fellegi, « soit les événements en Afrique du Nord n’ont pas eu d’impact sur l’alimentation en énergie des pays européens, soit les autres réserves des Etats se sont avérées suffisantes ». Les conséquences sur les prix du pétrole sont néanmoins considérables. Depuis le début de l’année 2011, les prix du pétrole brut sur le marché mondial ont augmenté de près de 20 %, augmentation également ressentie par les consommateurs européens.
Source : Communiqué Commission Européenne
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