déc. 02 2015 | A l’aube de la COP21, l’ANCRE identifie les principales technologies capables de répondre au défi climatique
L’ANCRE (Alliance Nationale de Coordination de la Recherche pour l’Energie) vient de publier une étude qui identifie et évalue les leviers technologiques permettant la décarbonation accélérée du mix énergétique à l’horizon 2050, dans un objectif de limitation de l’accroissement de la température de la Terre à 2°C d’ici 2100.
L’étude évalue le potentiel de réduction(1) de CO2 au niveau mondial représenté par chaque technologie ou groupe de technologies. Deux approches ont été développées : l’une est basée sur des scénarios technologiques élaborés sous l’égide des Nations Unies pour les 16 pays les plus émetteurs de CO2 dans le monde, représentant 75 % des émissions actuelles; l’autre résulte d’un travail mené, technologie par technologie, par les experts et scientifiques de l’ANCRE.
Le rapport met l’accent sur les deux leviers indispensables pour atteindre l’objectif des 2°C :
- l’importance, pour éviter l’émission de 40 à 50 milliards de tonnes de CO2 en 2050, de mobiliser un portefeuille large de technologies. Plus d’une centaine ont ainsi été identifiées, dont le panel et l’ampleur du déploiement varieront suivant les groupes de pays2.
- la nécessité d’un effort sans précédent dans l’innovation et la recherche dans l’énergie. Les performances actuelles et attendues à court terme des nouvelles technologies risquent d’être insuffisantes.
Le potentiel de réduction dépendra autant des technologies qui portent sur l’offre d’énergie - sa production (énergies renouvelables, nucléaire, Captage et Stockage du CO2, etc.) - que de celles qui concernent la demande, dont l’efficacité énergétique, dans le transport, l’industrie ou le bâtiment.
Les deux approches arrivent à des conclusions très similaires quant aux technologies qui portent en elles le potentiel le plus important. En matière de production d’énergie, les technologies du solaire, de l’éolien et du nucléaire arrivent en tête dans tous les groupes de pays, avec respectivement 10 %, 9 % et 8,5 % du potentiel de réduction global. Viennent ensuite l’hydraulique (dans les pays du Sud, principalement), la biomasse, la géothermie et les énergies marines. Le Captage et stockage du CO2 (CSC) et les technologies de stockage de l’énergie jouent également un grand rôle. Mais la contribution du CSC est perçue différemment suivant les approches avec un potentiel de réduction évalué entre 5 % et 15 %.
En matière d’efficacité énergétique et de substitution des fossiles par des vecteurs énergétiques non carbonés (électricité, hydrogène, biocarburants etc.), les principales perspectives de gains se situent dans l’industrie (24 % de réduction total mondial) et dans les transports (18 %). Au plan mondial, l’enjeu du secteur du bâtiment apparait plus réduit, même s’il est important dans certaines zones comme l’Europe ou le Japon.
Le rapport met également en évidence trois types de freins au développement des nouvelles technologies de l’énergie :
- Sur le plan économique : le problème majeur reste une faible compétitivité des nouvelles technologies relativement aux autres technologies traditionnelles et un manque de capacités pour financer des solutions souvent très intensives en capital.
- Dans le domaine réglementaire : les réglementations constituent un véritable obstacle car elles sont le plus souvent peu adaptées, inefficaces ou trop fluctuantes.
- Sur le plan de la recherche et l’innovation : au niveau mondial, les sommes investies dans le secteur de la R&D énergétique restent insuffisantes compte tenu de l’ampleur des enjeux.
Pour accélérer le déploiement des technologies bas carbone, les principales recommandations de l’ANCRE sont :
- Accroitre les efforts mondiaux de R&D dans le domaine de l’énergie pour améliorer les technologies existantes, leur permettre des gains majeurs de compétitivité, et pour développer les technologies de rupture ;
- Intégrer dès le début du processus d’innovation la dimension sciences humaines et sociales afin d’apporter des solutions répondant aux attentes des territoires et de la société civile, et, dans le même temps, faire évoluer les réglementations et modes de gouvernance pour une meilleure intégration et diffusion des nouvelles technologies ;
- Combiner les politiques qui permettent d’accélérer les développements technologiques et celles qui agissent plutôt sur la stimulation et la modification de la demande afin de bénéficier d’une diffusion large des technologies et des effets d’apprentissage associés ;
- Mettre en place les mécanismes permettant le transfert des technologies des pays industrialisés vers les zones les moins développées.
L’ANCRE apporte dans ce rapport des éléments d’éclairage sur les leviers d’action possibles pour concrétiser les engagements que prendront les pays lors de la COP21.
L’étude sera présentée lors d’une conférence organisée au Bourget le 11 décembre 2015, de 11 h à 13 h, en marge des négociations de la COP21.
(1) Potentiel de réduction globale de CO2 par rapport à une trajectoire tendancielle si aucune action en faveur des techno bas carbone n’est engagée.
(2) L’étude distingue 4 groupes de pays :
- Les pays industrialisés dont le mix énergétique est déjà fortement carboné
(USA, Canada, etc.)
- Les pays émergents dont le mix est moins carboné
(Chine, Inde, etc.)
- Les pays émergents dont le mix est peu carboné
- Les pays industrialisés dont le mix énergétique est moyennement carboné
(Japon, Europe, etc.)
A propos de l'ANCRE
ANCRE, Alliance Nationale de Coordination de la Recherche pour l’Energie réunit 19 membres, organismes publics de recherche, conférences universités et de grandes écoles, conduisant des recherches dans le domaine de l’énergie : ANDRA, BRGM, CDEFI, CEA, CIRAD, CNRS, CPU, CSTB, IFREMER, IFSTTAR, INERIS, INRA, INRIA, IRSTEA, IRD, IRSN, IRSTEA, LNE, ONERA. Elle travaille étroitement avec les pôles de compétitivité spécialisés.
Source : Communiqué IFP Energies Nouvelles
Voir la fiche de l'entreprise IFP Energies nouvelles
| |
|
|
|