avri. 09 2015 | Politiques climatiques et énergétiques européennes : réalisations et défis à l’horizon 2020 et au-delà
Le rapport Deloitte sur les politiques climatiques et énergétiques en Europe s’intéresse aux marchés de l’énergie dans l’Union européenne, avec une étude détaillée de sept pays européens[1], et en dresse les principaux défis et enjeux à horizon 2020.
Selon Véronique Laurent, Associé responsable Energie et Ressources chez Deloitte France,
« Le Paquet Energie-Climat 2030 convenu avec les Etats membres en octobre 2014 apporte des réponses à certaines des difficultés actuelles, mais il reste de nombreux défis à relever. Ce rapport est une contribution au débat concernant l’orientation à venir de la politique énergie et climat, dans la perspective de la conférence COP 21[2] qui se tiendra à Paris fin 2015.»
Une politique européenne à revisiter
La mise en œuvre de la stratégie européenne dite « 20/20/20 », adoptée en 2008, soulève un certain nombre de difficultés. L’UE s’est en effet engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport au niveau de 1990, à faire passer à 20 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique et à augmenter de 20 % l’efficacité énergétique d’ici à 2020, tout en créant en parallèle un marché unique et intégré de l’énergie.
De nombreux Etats membres sont en bonne voie pour atteindre leurs objectifs nationaux, mais il ne faut pas sous-estimer la contribution du ralentissement économique et ses effets modérateurs sur la consommation d’énergie notamment en Italie, aux Pays-Bas et en Espagne. La reprise économique qui se profile pourrait provoquer une remontée des émissions de gaz à effet de serre, tout particulièrement si les fermetures de centrales nucléaires et l’attractivité économique du charbon se poursuivent.
D’autre part, l’objectif de 20 % d’énergie renouvelable dans la consommation énergétique en 2020, parait difficilement accessible : certains pays comme le Royaume Uni, la France ou les Pays Bas doivent encore réaliser des efforts importants, malgré les investissements considérables déjà engagés.
Enfin, les objectifs d’efficacité énergétique, sont peu clairs en termes d’indicateurs, d’hypothèses et de modes de calcul.
Entre 2005 et 2012, la France a ainsi réalisé 26% du chemin nécessaire pour atteindre son objectif d’efficacité énergétique en 2020, 29% pour les énergies renouvelables et 76% pour les émissions de gaz à effet de serre.
Cependant, les déséquilibres énergétiques européens persistent : la dépendance à l’égard des importations d’énergie a augmenté, ainsi que les prix de l’énergie payés par les consommateurs finaux, tandis que le poids des énergies fossiles dans la consommation d’énergie représente encore plus de 80% pour beaucoup d’Etats Membres. Les objectifs en matière de compétitivité du prix de l’énergie et de sécurité d’approvisionnement sont encore loin d’être atteints.
Des avancées technologiques plus lentes que prévues
Les avancées technologiques n’ont pas toujours connu le développement qui était attendu il y encore dix ans. Le solaire photovoltaïque a évincé l’énergie solaire concentrée. La capture et le stockage du carbone, visant à rendre moins polluante l’utilisation du charbon, sont encore largement sous exploités sous l’effet prix du marché. L’énergie éolienne se développe, mais sa technologie reste relativement inchangée. Les biocarburants de deuxième génération tardent à se matérialiser. En revanche, les compteurs et les réseaux intelligents commencent à prendre leur essor, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives à la gestion de la demande énergétique.
À l’horizon 2030, l’UE s’est fixé de nouveaux objectifs ambitieux, vers une économie faiblement carbonée à l’horizon 2050. Elle prévoit de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 %, de porter la part des énergies renouvelables à 27 % de la consommation et de réaliser 27 % d'économies d'énergie. Concernant les énergies renouvelables, il n’existe qu’un objectif européen unique, et les économies en matière d’énergie restent difficiles à quantifier.
De nombreux défis restent à relever
De nombreux défis restent ainsi à relever. Le système actuel d’échange de quotas d’émissions (ETS) est à l’origine d’un prix du carbone trop bas et n’incite pas réellement à recourir à des énergies alternatives ou moins carbonées. Des réformes sont nécessaires pour entrainer un prix du carbone plus incitatif et pour tirer parti du potentiel encore insuffisamment exploité des secteurs du transport, de la construction et de la sylviculture, actuellement hors du champ de l’ETS.
En matière d’énergies renouvelables, les efforts effectués jusqu’à maintenant pour leur développement ont nécessité des investissements considérables ; pourtant les objectifs 2020 et 2030 sont loin d’être atteints. Il semble alors nécessaire de revoir les politiques de soutien aux énergies renouvelables, notamment pour parvenir à un meilleur équilibre entre les coûts des mesures nécessaires à l’atteinte des objectifs en matière d’énergies renouvelables et l’impact sur les prix de l’énergie.
D’après Véronique Laurent Associé responsable Energie et Ressources chez Deloitte France : « La question clé n’est pas le niveau des objectifs ou la façon dont ils seront atteints, mais plutôt si nous avons besoin d’autant d’objectifs. Il en résulte en effet une réglementation complexe et parfois des effets pervers en termes de signal de prix pour les investisseurs – et les consommateurs. Un objectif unique de réduction des émissions de gaz à effet de serre pourrait être plus efficace, les Etats membres décidant par eux-mêmes de la politique et du mix énergétique qui leur conviennent le mieux. Il parait important qu’un bilan régulier des coûts et des bénéfices des politiques énergie et climat européennes soit réalisé pour en améliorer l’efficacité. »
[1] Belgique, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne et Royaume-Uni
[2] 21ème session de la Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
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Source : Communiqué Deloitte
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