Pouvez-vous présenter OMNEGY et son activité dans le domaine des énergies ?
OMNEGY est un cabinet de conseil, intégrée au groupe EPSA, et fondée en 2020. L’activité du cabinet se focalise sur un accompagnement à 360 degrés des clients professionnels du secteur privé et public sur leurs enjeux liés à l’énergie.
OMNEGY propose une analyse des consommations et la recherche d’un contrat énergétique (électricité ou gaz) adapté aux besoins d’un consommateur spécifique, réalise des études techniques sur l’acheminement, les taxes ou bien encore les clauses contractuelles. OMNEGY réalise également une veille sur le marché de l’énergie et conseille ses clients sur les prises de position à effectuer en électricité et en gaz, ainsi que des analyses exhaustives du secteur via des publications (newsletter, rapport trimestriel et annuel, webinar). Enfin, OMNEGY réalise également des achats sur le marché pour le compte de clients, notamment pour du CO2 ou des Garanties d’Origine (Renouvelable).
L’Europe reçoit actuellement environ 9% de sa consommation de gaz en provenance de Russie, quelles sont les routes d’acheminement et les principaux pays importateurs ?
L’Europe reçoit actuellement environ 9% de sa consommation de gaz en provenance de Russie, quelles sont les routes d’acheminement et les principaux pays importateurs ?
L’acheminement gazier européen se fait au moyen de plusieurs corridors, composés à la fois de pipelines et de livraisons par voie maritime sous la forme de gaz naturel liquéfié (GNL).
Les principales voie d’approvisionnement en gaz de l’UE peuvent être représentées ainsi :
En 2023, le GNL a représenté 44% des importations de l’UE, la Norvège 37%, l’Afrique du Nord 11% et la Russie, via le dernier pipeline principal en activité 4,4%.
L’UE reçoit toutefois également du gaz russe via le pipeline Turkstream mais celui-ci se limite aux pays d’Europe de l’Est. L’Azerbaïdjan approvisionne également l’Europe mais dans des quantités limitées pour le moment et représente 3,3% du total importé en 2023.
Pour ce qui est du GNL, la provenance est également variée. En 2023, sur les 120 milliards de m3 de GNL importés par l’UE :
- 49,4% provenaient des Etats-Unis
- 13% de Russie
- 11,1% d’Algérie
- 9,7% du Qatar
- 5,1% de Norvège
- 11,8% de pays tiers comme le Nigéria ou le Chili
Les principaux pays importateurs de gaz naturel, toute forme confondue, en UE sont :
- L’Allemagne (85 milliards de m3 consommés en 2022)
- L’Italie (69 milliards de m3 consommés en 2022)
- La France (38 milliards de m3 consommés en 2022)
- Les Pays-Bas (33 milliards de m3 consommés en 2022)
- L’Espagne (32,5 milliards de m3 consommés en 2022)
Toutefois, concernant les importations de GNL, la situation est différente puisque ce sont la France (30,1 mm3), l’Espagne (25,6 mm3) et les Pays-Bas (22,9 mm3) qui en ont importé le plus en 2023 au niveau de l’UE. Cela s’explique par les capacités de regazéification importantes de ces pays, lesquels peuvent aussi réexporter une partie de ces quantités acheminées, vers d’autres Etats européens moins bien desservis.
Quelles solutions proposez-vous pour sortir en douceur du gaz russe et éviter une nouvelle période de volatilité sur le prix du gaz et de l’électricité si l’UE décidait d’arrêter brutalement ces approvisionnements ?
Concernant le total du gaz russe (GNL + pipeline) dans l’approvisionnement européen en 2023, celui-ci a encore représenté un peu plus de 11% des importations du continent (289 milliards de m3). Rapporté à la consommation de l’UE en 2023, à 313,7 milliards de m3, le gaz russe pèse un tout petit peu plus de 10% de cet ensemble. La différence entre la consommation est les importations est comblée par la production domestique de l’Europe, qui s’élevait à 13,8 milliards de m3 en 2023 (, Italie, Pays-Bas).
A la vue de ces éléments, il apparaît assez peu probable que l’UE stoppe de manière brutale le reliquat de gaz russe. Bien que les institutions européennes souhaitent faire en sorte que les Etats membres cessent d’importer du gaz russe, ces derniers ne sont pas tous alignés sur le même discours et ne comptent pas arrêter d’en importer. Pour entériner un tel choix au niveau européen, il faudrait recueillir l’unanimité des 27 Etats du bloc, ce qui est loin d’être acquis. Une telle décision, décidée et appliquée rapidement, aurait nécessairement des conséquences sur le prix du gaz européen et le ferait nécessairement augmenter, car le marché reste tendu, même s’il est actuellement bien approvisionné. La seule marge de manœuvre, côté importations, pour l’UE, serait d’acheter plus de GNL en provenance d’autres pays, en remplacement du gaz russe. Seulement les capacités d’exportation de GNL actuellement existantes tournent actuellement à plein régime (à 94% du fonctionnement maximal au niveau mondial en déc-2023) et il serait ainsi difficile d’acheminer plus de gaz en UE, sans faire grimper les cours de ce dernier.
L’Asie, qui est le continent consommant le plus de GNL, devrait voir sa consommation augmenter en 2024 par rapport à 2023, impliquant de plus grandes livraisons de GNL. Si l’UE souhaite à la fois maintenir son niveau d’approvisionnement et sortir du gaz russe dans le même temps, elle va devoir proposer un prix plus attractif sur son marché aux exportateurs gaziers, qui favoriseront la zone euro plutôt que la plaque asiatique.
Propos recueillis par Jean-Guy Debord